Annonce : Au début Charlie n’était qu’un personnage secondaire, mais Adra étant tombée sous le charme je vous annonces qu’il persistera à nous faire rire de sa présence, et que je creuserais un peu plus le personnage.
Alchimiste de la Lune IV : L’Alchimiste Tisseur de Vies.
- Hé boss je suis venue vous chercher, dit Havoc appuyé contre le cadre de la porte, une cigarette à la bouche. Vous faites quoi ? demanda-t-il, sourcils froncés, en voyant un petit truc rouge écrasé par une montagne de poils beige.
Une petite fille, mignonne, qu’Havoc identifia comme étant la fille de Tucker, était juchée sur le chien.
- Euh… on faisait juste une petite pause dans nos recherches, se justifia Ed.
- Je suis passée trois fois devant ce jardin aujourd’hui, dit une voix féminine derrière Havoc.
Ed tourna la tête vers le sous-lieutenant, inquiet, se demandant ce qu’il se cachait derrière.
- Les trois fois je vous ai vu en train de jouer dehors avec le chien…
Une tignasse brune apparut, suivie d’un visage hilare.
- Le chien gagnait toujours… se crut obligée de préciser Sophie à l’adresse de Tucker qui venait d’apparaître sur le seuil de la porte, un grand sourire aux lèvres – il ne l’avait pas encore remarquée.
- On faisait une grosse pause, marmonna Edward.
L’Alchimiste Tisseur de Vies sourit nerveusement, c’était comme si l’arrivée de la jeune femme avait jeté un froid sur son enthousiasme. Mais seule Sophie s’aperçu du changement d’esprit de Tucker.
- Vous avez trouvez ce que vous vouliez ? demanda Tucker à l’adresse d’Edward, toujours écrasait par Alexander.
Ce dernier aboya bruyamment pour répondre à la place d’Edward.
- Tu peux revenir demain si tu veux, proposa Tucker en levant une main pour rassurer Edward qui semblait désespéré.
- Oh ! vous allez revenir demain ? c’est vrai ? s’enquit Nina, un énorme sourire aux lèvres.
Sophie regarda le petit groupe s’éloigner puis se tourna vers Tucker.
- Vous savez que l’examen est pour bientôt ? dit-elle en regardant le scientifique dans les yeux.
- Bien sûr, répondit Tucker d’une sombre voix, comme pourrais-je oublier ?...
- Le Colonel m’a chargée de venir vous faire remplir les formulaires d’examens. Vous savez que lui et la paperasse… Sophie laissa s’échapper un soupir théâtral mais naturel de sa bouche.
- Oui, entrez donc, dit Tucker en s’effaçant du pas de la porte, Nina ne fait pas de bêtise d’accord ?
La jeunette acquiesça de loin, perchée sur le dos d’Alexander.
L’intérieur de la grande bâtisse était plutôt sombre et poussiéreux. Sophie ne put réprimer une petite toux.
- Désolé pour le bazar, s’excusa l’Alchimiste Tisseur de Vies, mais la maison est grande et je suis très occupé, alors je ne m’occupe pas de la moitié des pièces de cette maison.
Sophie pensa intérieurement que Tucker avait l’air de répéter ça à chaque fois qu’il avait des invités. On aurait vraiment dit une machine.
- Votre femme vous a quittée, il y a… elle fit semblant de chercher, deux ans, c’est ça ?
- Oui.
- Et comment Nina vit-elle cette séparation ? Elle n’est pas trop triste ?
- Elle ne se rappelle plus de sa mère, vous savez, à son âge, les souvenirs s’effacent vite…
- Excusez mon indiscrétion, dit Sophie en regardant un peu les lieux tout autour d’elle, mais lorsqu’il s’agit d’enfants en bas âge lors d’une séparation c’est plutôt la mère qui en a la garde – sauf si elle est inapte à jouer son rôle. Alors comment ce fait-il que Nina soit sous votre responsabilité ?
Tucker ne répondit pas tout de suite, une goutte de sueur coula sur sa tempe.
- Elle ne voulait plus avoir aucun lien avec moi – ne me demandez pas pourquoi. Même voir sa fille l’insupportait.
- Je vois, murmura Sophie. Vous devez avoir beaucoup de travail en ce moment, ça doit être difficile pour elle d’être toute seule toute la journée – je parle de Nina bien sûr, reprit Sophie.
- C’est vrai, admit-il en regardant Sophie d’une œillade peu amicale. Mais je n’ai pas vraiment le choix… et puis maintenant Alphonse et Edward l’occupent. Et je peux mieux me concentrer sur mes recherches. Voici mon bureau, ajouta Tucker en ouvrant une grande porte de bois.
Sophie le remercia en entrant. Immédiatement elle mémorisa les lieux et chaque objet qui se trouvait dans la pièce, ainsi que sa position. Tucker lui tira le siège des invités avant de s’asseoir lui-même derrière son bureau. D’une voix calme et posée Sophie continua à alimenter la conversation pendant qu’elle faisait remplir à l’Alchimiste divers formulaires administratifs.
- Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? demanda-t-elle en faisant mine d’être vraiment intéressée.
- Oh ! euh… je cherche un moyen de créer une vrai… une chimère qui parle, se rattrapa-t-il. Une chimère qui parle et qui répond.
- Une vrai ? répéta Sophie en haussant un sourcil et faisant glisser sous le stylo de Tucker un autre papier.
- Hé… Le scientifique s’essuya le front d’un revers de main. Oui, je veux dire que la première ne m’a pas satisfaite, j’attendais mieux que ça.
Sophie se composa un parfait sourire compréhensif, mais intérieurement elle se félicitait. Comme à son habitude elle avait réussit à acculer sa proie au pied du mur. Les yeux de Tucker allaient de droite à gauche comme pour chercher une issue à ce cauchemar, mais il n’y en avait aucune. Elle regarda Tucker signer la page blanche, il tremblait. Avant qu’il ne remarque son geste – signer sur une page blanche était inutile, voir dangereux – Sophie retira la feuille et rassembla les papiers qu’elle avait étalés sur le bureau.
- Merci d’être venue, dit Tucker en se levant et tendant la main droite à Sophie, ça m’évite d’avoir à trimballer Nina jusqu’à la caserne.
- Ne me remerciez pas, dit Sophie, très sérieuse, en lui serrant la main.
Tucker la raccompagna dehors. Il faisait nuit et le fond de l’air était frais. Sophie resserra contre elle son manteau bleu foncé de général de brigade. Elle jeta un dernier coup d’œil à la grande maison qui s’élevait telle une montagne dans la nuit noire. Que manigançait Tucker pour que Roy lui assigne une telle mission ?
à suivre